Annabelle Aubin-Thuot (La Nab) est lauréate de la résidence en art clownesque.
Annabelle Aubin-Thuot (La Nab) est lauréate de la résidence en art clownesque.
Crédit photo: Philip Fortin
Les clowns sont trop souvent perçus comme des êtres manquant de profondeur, associés au grotesque, à la stupidité et au risible, caractéristiques propres à la société de divertissement. Audelà des enjeux esthétiques, nous avons à cœur avec ce projet d’investir la fonction sociale et critique du clown, en apprivoisant la beauté et la responsabilité contemporaine de ce personnage mythique. Nous allons incarner le clown afin d’adresser des questions hautement sensibles. Nous observerons ce qui permet d’entrer dans le registre de la confidence. Nous ferons aussi le pont entre la folie intemporelle des clowns et les enjeux de santé mentale actuels; en quoi la naïveté des clowns peut servir à combattre la détresse. Dans ma pratique, le registre comique flirte toujours avec le poétique et le tragique. Ils se complètent. Dans cet esprit, nos clowns seront amenés à explorer des sujets difficiles avec une dose de finesse, d’humour, de tendresse même.
MISSION ET VISION
Réenchanter le monde en investissant le champ du désir et de la fantaisie. Faire vivre la poésie fougueuse des clown·e·s au moyen de stages et de laboratoires adressés à des adultes, préférablement à fleur de peau, en résistance à l’aridité de coutume.
DÉMARCHE
La physicalité, la naïveté et l’honnêteté radicale sont des valeurs centrales pour La Nab. Elle s’intéresse à la dynamique du solo (fondée sur la vulnérabilité), ainsi qu’à celle du duo (fondée sur le contraste, voire le conflit). Nourrie par les écrits de Jacques Lecoq et de Marc Doré, grande admiratrice de Lior Shoov, Gardi Hutter, Sol, Camille Boitel et de la tradition russe, ses interventions sont axées sur l’émotion, la gestuelle, la voix (grommellement, chant indolent, onomatopées) et le rythme.
VALEURS
• Encourager la liberté inconditionnelle et le désordre des clowns.
• Réconcilier l’humain avec sa fragilité, le rapprocher de son flux émotionnel et de sa sauvagerie.
• Redonner ses lettres de noblesse au clown en invalidant les stéréotypes qui le confinent au comico-pathétique. Refuser le vieux le postulat présentant les clowns comme des êtres simples et parfaitement lisibles. Tout, du clown, est profond et vrai et vivant. Le tumulte est nourricier.
• Reconnaître l’intégrité de chacun·e et veiller à l’égalité entre les participant·e·s.
• Offrir un espace anti-oppressif et hospitalier où tous les types d’humains sont bienvenus, sans égard aux questions de classe, d’orientation sexuelle ou professionnelle, de culture/origine, de niveau d’éducation, d’âge, de genre, de capacité ou de santé mentale.
• Offrir un contexte sensible, rigoureux et chaleureux (qui mise sur la confiance & l’audace) pour l’exploration de formes clownesques et performatives.
PÉDAGOGIE
Soutenir la dynamique de jeu en prenant en compte la liberté inconditionnelle des clown·e·s et la lisibilité de leur personnage. Aider les élèves à cerner puis à grossir les traits de leur clown·e (clarifier le personnage-intime) et s’intéresser à l’effet produit sur le public, afin qu’il puisse être touché et impliqué. En un premier temps, valoriser la vie intérieure des clown·e·s. En un deuxième temps, investir l’expressivité et le jeu physique.
Publication à venir.